Bruges : une surprenante trouvaille dans des latrines du XVe siècle
Bruges : une surprenante trouvaille dans des latrines du XVe siècle
Toilettes médiévales / Image d'illustration.
La découverte, dans des toilettes médiévales de Bruges, d'un parasite tropical révèle comment les réseaux commerciaux de l'époque ont joué un rôle clé dans la propagation mondiale des maladies.
Trouvaille
C'est une trouvaille qui, sans que cela ne paraisse pourtant évident, éclaire d'un jour nouveau les connexions du monde médiéval. Dans des latrines vieilles de 500 ans à Bruges en Belgique.
Chercheurs
Une équipe de chercheurs canadiens et belges a identifié des traces, à des milliers de kilomètres de sa région d'origine, d'un parasite intestinal responsable de la bilharziose, maladie généralement endémique.
Résultats
Des régions tropicales et subtropicales, notamment en Afrique subsaharienne. Leurs résultats, publiés dans la revue Parasitology le 6 décembre 2024, peuvent "susciter un certain malaise", plaisantent les auteurs de l'étude dans un communiqué.
Maladies
Mais ils mettent (plus sérieusement) en lumière le rôle des réseaux commerciaux et maritimes médiévaux dans la propagation des maladies, tout en offrant de précieuses informations sur la santé et les modes de vie des populations de l'époque.
Scientifiques
Comme le rappellent les scientifiques, la bilharziose (ou schistosomiase) est causée par des vers plats du genre Schistosoma mansoni. La maladie parasitaire se manifeste par de la fièvre, une éruption cutanée, de la toux, des douleurs musculaires.
Eau
Elle se transmet par contact avec de l'eau douce contaminée par des larves "sanguinivores", qui peuvent pénétrer la peau, migrer à travers les vaisseaux sanguins et s'établir dans les intestins.
Parasite
Dans cet environnement, le parasite peut se reproduire et libérer des œufs, qui sont évacués par les déchets humains. C'est ainsi que dans des latrines datant du XVe siècle, en Belgique actuelle, un œuf du Schistosoma mansoni a été retrouvé.
Toilettes
Ces toilettes anciennes sont connues des archéologues depuis 1996. Mais ce n'est que récemment que les restes organiques qui ont été prélevés ont été examinés, dans le cadre d'un plus vaste projet de recherche mené par l'Université belge de Gand.
Communautés
Centré sur les nombreuses communautés étrangères vivant et commerçant dans la Bruges médiévale et ses anciens ports. Les latrines faisaient autrefois partie d'un bâtiment connu sous le nom de "Maison de la Nation d'Espagne", siège administratif et lieu de rencontre de la communauté marchande castillane dans la capitale de la Flandre-Occidentale.
Comptoirs
Comme à Gênes, Florence, Venise ou Hanse, divers comptoirs commerciaux sont établis à Bruges durant le Moyen Âge, parmi lesquels celui des Castillans, qui participent alors de façon active et durant pendant deux siècles à ce qui se passe dans la ville.
Marchands
Les marchands castillans jouent aussi un rôle dans l'importation de produits africains tels que la poudre d'or, l'ivoire et diverses épices. Par ailleurs, des indices laissent supposer qu'ils auraient participé aux débuts de la traite transatlantique des esclaves.
Commerçants
« L'association de ce contexte historique, avec les données récemment mises en évidence, conduit les auteurs de l'étude à suggérer que le parasite identifié pourrait être lié à l'un de ces commerçants espagnols » .
Article
« Ils écrivent dans leur article L'introduction de S. mansoni en Amérique du Sud-Est supposée avoir eu lieu relativement récemment dans l'histoire humaine, en conséquence des déplacements forcés de populations d'Afrique vers les Amériques dans le cadre de la traite transatlantique des esclaves » .
Infection
« Ainsi, cette infection pourrait avoir touché un marchand ayant contracté le parasite lors de voyages commerciaux en Afrique, ou un individu vivant en Afrique qui aurait migré vers Bruges » .
Témoins
« Des témoins de la vie médiévale à Bruges L'analyse paléoparasitologique a également révélé des œufs d'Ascaris, de trichocéphale (Trichuris), de grande douve du foie (Fasciola hepatica) et de ténia (Taenia) dans les latrines ce qui est cohérent avec les parasites déjà identifiés dans les populations locales de l'époque médiévale » .
Marissa Ledger
"Beaucoup des parasites que nous connaissons aujourd'hui existent depuis des siècles", explique dans le communiqué Marissa Ledger, chercheuse postdoctorale au Centre d'ADN ancien de l'Université McMaster (Canada) et principale auteure de l'étude.
Réseaux
Mais les résultats mettent ici en évidence comment la Bruges médiévale, véritable carrefour de personnes, de marchandises et d'idées, jouait un rôle clé dans la propagation des maladies à travers ses vastes réseaux de commerce maritime.
Maxime Poulain
"Nos découvertes mettent en lumière la complexité de la vie urbaine médiévale et l'interconnexion de ce monde il y a des siècles", résume Maxime Poulain, archéologue de l'Université de Gand.
Santé
Ces recherches soulignent aussi l'importance, selon leurs auteurs, d'analyser les restes organiques pour mieux comprendre la santé, l'hygiène et la mobilité des populations anciennes.
Génétique
Marissa Ledger prévoit désormais d'analyser la génétique du Schistosoma mansoni, pour étudier son évolution face à des facteurs tels que la migration, qui facilitait déjà, semble-t-il, la diffusion des pathologies infectieuses.
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