Paris : une vaste nécropole du IIe siècle révélée par des travaux sur le RER B
Paris : une vaste nécropole du IIe siècle révélée par des travaux sur le RER B
Une importante nécropole gallo-romaine en plein cœur de Paris.
Des fouilles menées dans le cadre de travaux de la station RER de Port Royal, à Paris, ont permis de mettre au jour une cinquantaine de sépultures romaines et leurs squelettes, datant du IIe siècle de notre ère.
Archéologues
Les archéologues de l'Inrap en charge des recherches indiquent qu'ils pourraient faire partie de la grande nécropole "Saint-Jacques" découverte au XIXe siècle, étoffant leurs connaissances sur celle-ci.
Travaux
Les travaux de la RATP visaient à créer une nouvelle sortie pour la gare de Port Royal, sur le RER B à Paris.
Sépultures
Ils ont finalement permis de révéler une cinquantaine de sépultures d'une nécropole utilisée au IIe siècle de notre ère par les habitants de Lutèce, ont indiqué les archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives,(Inrap) lors d'une conférence de presse du 18 avril 2023.
Spécialistes
Depuis le 6 mars et jusqu'au 28 avril 2023, les spécialistes mènent donc des fouilles le long de voirie, devant les yeux du public qui ne savait pour le moment ce qui s'y déroulait.
Parcelle
Ils étudient plus précisément une parcelle de 200 mètres, passée dans les mailles du filet des recherches menées dans les années 1970, à la suite de la création de la ligne.
Échappé
Elle avait échappé aux observations entreprises lors du Haut Empire au XIXe siècle, ayant révélé une considérable "nécropole sud" d’environ 4 hectares.
Nécropole
Aussi appelée "nécropole Saint-Jacques", ou "nécropole de la rue Pierre Nicole et ses plus de 400 sépultures, de la même époque que celles nouvellement dévoilées.
Lutèce - Paris.
Lutèce
Une nécropole à la sortie de Lutèce, Paris au IIe siècle est encore la cité de Lutèce et s'étend uniquement sur la rive gauche, jusqu'à l'actuel quartier parisien du Val-de-Grâce dans le cinquième arrondissement de l'actuelle capitale.
Romains
Les Romains ont pour habitude d'enterrer leurs morts dans plusieurs lieux funéraires, exclusivement dispersés à la sortie des villes dans le cas de la "nécropole sud", le long de la voie du Cardo maximus, désormais rue Saint-Jacques, de l'abbaye de Port Royal jusqu'au boulevard Saint-Michel.
Ville
Si la ville gallo-romaine est à son apogée en ces temps, au moment de l'effondrement de l’Empire aux IV-Ve siècles, la population se réfugie et se concentre sur l’île de la Cité, désertant les lieux.
Oubli
Cette fameuse nécropole près de Port Royal tombe dans l'oubli, jusqu’à ce qu'elle soit de nouveau sortie de terre lors des grands travaux haussmanniens du XIXe siècle.
Plans
À l'époque, des plans et des descriptions précises des fouilles, seules données restantes de son existence, sont faits des plus de 400 sépultures retrouvées.
Archéologie
Mais l'archéologie est alors plutôt centrée sur l'objet d'exception que la personne, apportant finalement peu d'informations sur les hommes et femmes qui y ont été enterrés durant l'Antiquité.
une cinquantaine de sépultures romaines et leurs squelettes.
Archéologues
Il est très probable que les sépultures nouvellement découvertes aient fait partie de cette vaste "nécropole sud", indiquent les archéologues de l'Inrap
Miraculeux
"Il est surtout miraculeux que cet îlot ait été préservé, explique Camille Colonna, responsable de recherches archéologiques de l'Institut.
Construction
Aucune construction moderne ou occupation ultérieure, comme au Moyen Âge par exemple, n'ont altéré les lieux, qui sont probablement restés des jardins ou des champs durant des années."
Remblais
Sous les remblais du XVIII et en creusant à plus de deux mètres, au niveau du sol où les Romains marchaient, les scientifiques sont d'abord tombés sur trois sépultures, dont l'une comportait de la monnaie leur permettant d'obtenir une première datation.
Pratique
Cette pratique n'était pas rare dans l'Antiquité, la pièce constituant l'obole (l'offrande) à Charon, passeur des enfers dans la mythologie. Un peu moins de la moitié de la cinquantaine d'inhumations et non incinérations, comme cela a aussi été observé chez les Romains finalement décelées étaient accompagnées de dépôts de différentes natures.
Objets
Ces objets, monnaies, récipients (gobelets, tasses, cruches) en céramique décorée ou encore verre, pièces d'habillement (épingles, bijoux), déposés au niveau de la tête, des côtés ou des pieds étaient "destinés à accompagner le défunt dans l'au-delà", précise Camille Colonna.
Retrouvé
Les archéologues ont également retrouvé les petits clous de semelles de chaussures, dont le cuir a désormais disparu.
Experts
Quand celles-ci ont été posées bien à plat lors de l'enterrement du mort, il est aujourd'hui possible pour les experts de "savoir jusqu'à la taille de sa pointure".
Souliers
Les souliers pouvaient eux aussi servir de dons aux divinités, puisque cinq d'entre eux ont sensiblement été retrouvés dans une même sépulture.
Gobelet en céramique dans la sépulture 1187 de fouille de Port Royal (Paris). Nicolas Warmé, Inrap.
Clous
D'autres clous, parfois avec des traces de planches, sont quant à eux les uniques restes des cercueils en bois dans lesquels était inhumé l'ensemble des individus, parmi lesquels figuraient des hommes, des femmes et des enfants.
Vastes
"La nécropole ayant été l'une des plus vastes de l'époque tout le monde y était enterré de toute classe sociale confondue."
Cercueils
Les cercueils ne sont d'ailleurs pas disposés et organisés comme dans un cimetière chrétien, avec le creusement de fosses sépulcrales dans des sens et des dimensions différentes, avec jusqu'à trois à quatre niveaux de recoupement dans le sol.
Fouilles
L'achèvement des fouilles donnera lieu à l'analyse approfondie du mobilier et des ossements en laboratoire.
Comprendre
Des travaux qui devraient permettre de mieux comprendre l'organisation des tombes, les raisons pour lesquelles elles ont été superposées, ainsi que de mieux connaître ceux qui y ont été déposés, de quoi ils sont morts…
Exceptionnelle
La découverte est exceptionnelle de par la conservation de la nécropole dans le temps, conclut la responsable des recherches.
Chance
C'est une chance inouïe de pouvoir la fouiller avec les moyens modernes de l'archéologie. Comprendre les gestes funéraires des populations antiques, c'est mieux comprendre le monde des vivants de l'époque.
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