Le naufrage du sous-marin nucléaire russe Koursk
Le naufrage du sous-marin nucléaire russe Koursk
Le sous-marin nucléaire russe K-141 "Koursk".
Le 10 août 2000, le sous-marin nucléaire lanceur de missiles de croisière russe K-141 "Koursk" appareille pour prendre part à un exercice naval dans la Mer de Barents, au nord de la Russie occidentale.
Exercice
Il s’agit du premier exercice naval de grande ampleur depuis la chute du bloc soviétique, réunissant trente navires de surface et trois sous-marins. Selon les mots du nouveau président russe, un certain Vladimir Poutine, l’opération doit « rappeler au monde que la Russie est une force incontournable sur les océans de la planète ».
Opération
Mais l’opération de prestige tourne à la catastrophe : le 12 août 2000, une première explosion est enregistrée, à l’avant du Koursk, fleuron de la Flotte du Nord.
Explosion
Deux minutes plus tard, une deuxième explosion, d’une magnitude si forte qu’elle est enregistrée par des sismographes jusqu’en Alaska, achève d’envoyer le sous-marin par le fond. À son bord, au moins, 23 des 118 membres de l’équipage ont survécu, et se réfugient dans un compartiment à l’arrière.
Photo du sous-marin russe "Koursk".
Opérations
Pendant neuf jours, le monde entier va suivre les opérations de sauvetage, qui échouent une par une, tandis que la Russie refuse catégoriquement l’aide internationale. La communication de l’état-major, opaque et contradictoire, est désastreuse.
Russie
La Russie décide finalement d’accepter la main tendue des forces britanniques et norvégiennes présentes dans la zone, mais il est trop tard. Quand les plongeurs norvégiens finissent par ouvrir la trappe d’accès au compartiment où s’étaient réfugiés les survivants, c’est pour le découvrir complètement inondé.
Mer
Ce 12 août 2000 au matin, le Koursk, mastodonte à propulsion nucléaire, s’engageait dans la mer de Barents, au nord-est de la Norvège. Pour sombrer quelques heures plus tard, entraînant 118 hommes dans les profondeurs. Aucun n’en sortira vivant.
Journée
Tout avait pourtant bien commencé la journée aurait même dû être triomphale. Avec ses 154 mètres de long et sa trentaine de missiles, le Koursk incarne la fierté de la flotte russe. Sa sortie, sous forme d’exercice avec tir de torpilles, vise à prouver la puissance navale du pays, en particulier aux Occidentaux.
Américains
Ce jour-là, les Américains espionnent d’ailleurs l’opération depuis leurs propres sous-marins, non loin. Ils seront, de fait, les premiers témoins de la catastrophe.
Explosion
À 11 h 28, une première explosion se déclenche à l’avant du Koursk. Les marins qui s’y trouvent sont tués sur le coup et le submersible s’échoue à 108 mètres de profondeur. Deux minutes plus tard, une seconde explosion retentit, plus puissante encore : ses secousses sont ressenties jusqu’en Alaska.
Coque
La coque du navire est éventrée, l’eau inonde tout. Seuls 23 hommes survivent à la déflagration et se réfugient dans le 9e compartiment.
Drame
En Russie, personne n’est encore au courant du drame, mais, sous l’eau, l’onde de choc voyage. « Le commandant d’un sous-marin américain faisait une sieste au moment de l’explosion et est presque projeté hors de sa couchette, raconte Ramsey Flinn, journaliste et auteur du livre Cry from the Deep (2004) qui raconte le naufrage. »
Cérémonie pour honorer la mémoire des sous-mariniers décédés, lors du 10e anniversaire du naufrage du Koursk, le 12 août 2010.
Enregistrement
« Après avoir réécouté l’enregistrement capté par le sonar des bruits de métal déchiré il comprend. Et se met à pleurer devant ses hommes. »
Incident
Ce n’est que huit heures plus tard que la Russie communique officiellement, minimisant d’abord l’incident. La Grande-Bretagne et les Etats-Unis offrent leur aide, aussitôt balayée, « par méfiance et par fierté, explique Ramsey Flinn.
Fonctionnaires
On dit que les hauts fonctionnaires russes ont préféré voir ces jeunes mourir plutôt que d’admettre que leur navire était en mauvaise posture. » Ils auraient pourtant eu besoin d’un coup de main : les sous-marins de sauvetage russes, rouillés voire défectueux, peinent à remplir leur mission.
Équipage
Lorsqu’un équipage norvégien atteint finalement le Koursk, le 19 août 2000, il est trop tard.
Familles
Les familles exigent des réponses, Qu’est-ce qui a déclenché les explosions ? Combien de temps les rescapés ont-ils attendu, agonisant dans les bas-fonds ?
Théories
Des théories circulent, serait-ce une attaque américaine ? Arrivée au pouvoir moins de cinq mois plus tôt, Poutine est projeté sous le feu des projecteurs. « Avec sa formation au KGB, sa personnalité très soviétique, il y était réticent, analyse Ramsey Flinn. Alors que dans les médias cet été-là, c’était le far west : le gouvernement était attaqué avec une liberté et une férocité inédites. »
Renflouage
Après le renflouage du Koursk, une longue investigation débute. Elle livrera ses conclusions deux ans plus tard : c’est une fuite du combustible des torpilles qui aurait provoqué la réaction en chaîne.
Erreurs
De « graves erreurs » sont également dénoncées, comme le fait que le système des balises d’urgence n’ait pas été correctement mis en place et ne se soit donc jamais déclenché.
Vladimir Poutine
Avec cette enquête, et ce mea-culpa, Vladimir Poutine fait « un choix rare dans sa carrière : celui de la transparence, estime Ramsey Flinn. Le monde n’attendait pas de la candeur. Le président a gagné en crédibilité et transformé cette tragédie en opération de communication réussie. »
Asphyxiés
Quant aux 23 sous-mariniers du 9e compartiment, ils auraient vraisemblablement survécu sept heures, avant d’être asphyxiés au dioxyde de carbone.
Mot
Sur un mot, écrit par le capitaine avant sa mort et dévoilé (partiellement) au public, on peut lire : « Il fait trop sombre ici pour écrire, mais je vais essayer au toucher. Il semble qu’il n’y ait pratiquement aucune chance, 10-20 % Salut à tous, pas besoin d’être désespéré.»
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