Le site archéologique du Rozel : une fenêtre ouverte sur le quotidien des groupes humains d’il y a 80 000 ans
Le site archéologique du Rozel : une fenêtre ouverte sur le quotidien des groupes humains d’il y a 80 000 ans
Le site archéologique du Rozel (Manche).
Niché dans les dunes de la côte ouest de la Manche, le site du Rozel a été occupé de manière régulière par l’Homme de Néandertal, il y a 80 000 ans.
Vestiges
Des vestiges mobiliers (os, charbons, silex et quartz taillés), des structures (amas de débitage d’éclats, concentrations de restes osseux de carcasses animales, foyers) mais aussi les empreintes de ces hommes livrent de précieuses informations sur la constitution des groupes, leurs modes de vie, et sur l’évolution des sols.
Empreintes
À l’échelle mondiale, une dizaine d’empreintes de Néandertal seulement ont été relevées, d’où l’importance que revêt ce site archéologique.
Traces
Si les traces ont survécu, c'est grâce à des éléments métalliques, qui ont durci le sol au Néolithique. "La différence, c'est que le sable de la plage actuelle ne comporte pas, justement, ces oxydes de fer manganèse, qui vont donner une texture et une structure aux sédiments", explique Dominique Cliquet, conservateur en chef du patrimoine de la DRAC Normandie.
Bénévoles
Aux côtés des bénévoles passionnés, une quinzaine d'étudiants en archéologique se relaient tous les 15 jours. Un travail de patience, qui consiste à creuser la dune avec des outils d'artiste-peintre. Avant d'être prélevées, les empreintes sont géolocalisées.
Enduit
Elles sont ensuite dessinées, photographiées et couvertes d'un enduit. À partir de ces traces, les chercheurs peuvent déduire la pointure moyenne de l'homme préhistorique : du 42. Ils obtiennent également des informations sur ses habitudes, ou son organisation sociale.
Fouilles
Au total, les fouilles ont permis de découvrir 2 300 empreintes au Rozel, soit 95% de celles retrouvées dans le monde entier.
Site
Site archéologique exceptionnel, la dune du Rozel conserve des vestiges d’occupations récurrentes de groupes humains venant s’abriter des vents dominants de la fin de l’automne au début du printemps au sein d’une crique barrée par un cordon dunaire.
Carcasses
Les niveaux supérieurs correspondent à des aires de traitement des carcasses d’herbivores consommés, principalement constitués de cerfs, de chevaux et d’aurochs : désarticulation, récupération de peaux, d’abats, de viscères et de moelle.
Espace
L’espace comporte des blocs de pierre destinés à la fracturation des os, des amas de débitage correspondant à la production d’outils de découpe et des foyers destinés au traitement des viandes par cuisson ou fumage. Les outils comportent essentiellement des éclats transformés en couteaux de boucherie (racloirs).
Niveaux
Dans les niveaux médians, l’espace occupé est plus vaste et comporte aussi des secteurs destinés à la découpe des herbivores, à la cuisson et au fumage des viandes.
Amas
Les amas de débitage attestent d’une production majoritaire d’éclats allongés, les lames et les lamelles traduisant d’autres traditions techniques. Ces niveaux ont livré des instruments de mouture : broyons et meules en grès dont un a servi à « écraser » de l’hématite, colorant de couleur rouge dont un bloc a été trouvé à proximité de la meule.
Base
Les niveaux de base, observés en sondage, attestent d’une production d’éclats et d’une consommation des mêmes espèces d’herbivores que dans les niveaux médians et supérieurs qui attestent d’un climat tempéré à tempéré frais datés autour de 80 000 ans.
Empreintes
Enfin et surtout, le site du Rozel se distingue par la conservation exceptionnelle d’empreintes humaines (pieds et mains) mais aussi animales, dont des traces de pattes de carnivores, animaux non consommés sur le gisement.
Groupes
Ces empreintes nous renseignent sur la constitution des groupes qui comportent des individus de tout âge depuis le jeune enfant qui commence à marcher jusqu’à l’adulte, sur la stature, la masse corporelle et la dynamique de locomotion des hommes du Paléolithique moyen.
Pieds
Pour cette période, soit de 125 000 à 40 000 ans, seules 9 autres empreintes de pieds ont été mises au jour pour un territoire s’étendant de l’Atlantique aux confins de la Mongolie et intégrant le Proche-Orient. Par ailleurs, le site du Rozel est actuellement le seul gisement à avoir livré des empreintes de mains humaines.
Découvert
Découvert par hasard en 1967, les fouilles y ont débuté en 1970. Le massif dunaire est directement menacé par le réchauffement climatique et l’érosion.
Dominique Cliquet
La Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) de Normandie est donc intervenue en 2012 afin d’empêcher le démantèlement du site, fouillé chaque été par Dominique Cliquet, conservateur au service régional de l’archéologie de la DRAC, et ses équipes, dans le cadre de fouilles programmées.
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