Le record de descente dans le gouffre Berger
Le record de descente dans le gouffre Berger
L'entrée du gouffre Berger.Photo d'illustration Le DL/Jean-Benoît VIGNY.
Le réseau du gouffre Berger, alias réseau Berger Fromagère, situé sur le territoire de la commune française d'Engins en Isère, est un ensemble de cavités karstiques, renommé dans le milieu spéléologique.
Découverte
La première entrée a été découverte le 24 mai 1953 par Joseph Berger et ses compagnons, première cavité souterraine au monde à atteindre la profondeur mythique de -1000 mètres, le gouffre se situe sur le plateau de Sornin, à l’extrémité nord du massif du Vercors.
Question
Une question taraude alors quelques passionnés : d'où provient l'eau des Cuves de Sassenage ? Parmi eux, Jo Berger et ses camarades auscultent le gruyère du Vercors avec du matériel rudimentaire, parfois fabriqué au fond de leurs garages.
Plateau
C’est ainsi que le 24 mai 1953, sur le plateau du Sornin, Jo Berger, Bouvet, Ruiz de Arcaute et Marc Jouffray découvrent un nouveau "gouffre". Baptisé P 3, il deviendra bientôt le gouffre Berger.
Cavité
Si l'on ignore à l'époque l'importance de la cavité découverte, très vite une chose est établie. l'eau des Cuves de Sassenage provient bien de là.
Colorant
Un peu de colorant turquoise, parvenu jusqu'aux robinets des habitations de Sassenage, et la preuve est faite, mais côté spéléologie l'aventure ne fait que commencer, en mai 1953, on ne descend "qu'à" 103 mètres. Puis en juillet de la même année à -300 mètres. Puis en novembre à -375 mètres,
Progrès
Des progrès qui ne donnent qu'une envie : continuer l'exploration de ces mystérieuses entrailles. Mais en spéléologie comme en alpinisme, la météo commande, ce sera donc tout pour 1953. La saison finie, mieux vaut se concentrer sur 1954 et se préparer au mieux.
Premier lieu bien connu : Le puits du Cairn, 85 mètres.
Matériel
Les spéléologues grenoblois renforcés par des camarades de Dijon, Lyon, de la Suisse, et même d'EDF, ont amené plus de 800 kilos de matériel et de vivres.
Camp de base
On a installé un camp de base à -300 mètres et posé accessoirement 250 mètres d'échelles et 310 mètres de cordes. Sans compter 350 autres mètres de cordes et 300 mètres d'échelles descendus pour la suite des événements.
Résultat
Cette quatrième expédition progresse jusqu'à -709 mètres. De quoi être émerveillé, mais avec une pointe de frustration. Car les spéléologues auraient bien voulu continuer.
Record
Surtout que le point le plus bas connu est alors détenu par la Pierre Saint-Martin à -730 mètres. Battre ce record paraît envisageable. Seulement, voilà, une cascade de 30 mètres a stoppé net l'expédition.
Franchir
En attendant d'arriver à la franchir, on a tout noté le long de "la rivière sans étoiles". Des salles, des lacs, des puits, chaque lieu exploré a été baptisé, souvent en donnant le nom de l'un des participants. Il y a donc le puits Garby, le puits Gontard, le lac Cadoux...
Canot
On s'est d'ailleurs réjoui d'avoir traversé ce dernier, long de 40 mètres et profond de 5 mètres, grâce à un canot pneumatique.
Plonger
Jusqu'à ce qu'il faille plonger dans ses eaux à 4 °C pour récupérer du matériel tombé à l'eau. Ce dédale dûment cartographié, on a bien évidemment décidé qu'une cinquième expédition s'imposait, le 10 septembre 1953, nouvelle tentative donc. À 15 h, un groupe de spéléologues s'enfonce dans les entrailles de la terre.
Sortir
On ne verra ressortir le premier d'entre eux que le 13 septembre 1953 à trois heures du matin. De retour à 1460 mètres d'altitude sur ce plateau de Sornin, l'exploit devient réalité : on a atteint les -753 mètres.
Record
Record du monde battu ! De 3 h à 5 h 30, les 21 membres de l'expédition vont ressortir du gouffre un à un.
Sain
Tout le monde sain et sauf, on peut enfin se réjouir et raconter. On peut montrer des insectes cavernicoles remontés à la surface, on peut rire des pastilles antiscorbutiques utilisées finalement pour nettoyer les lanternes, etc.
Échelle
Et la cascade ? Elle a été franchie grâce à une tige tendue horizontalement et une échelle métallique accrochée à son bout, en l'empruntant Jean Cadoux et Georges Garby ont été à peine éclaboussés. Après ? C'est une vaste galerie en pente douce...
Une descente vertigineuse dans le gouffre Berger.
Réseau
C'est un réseau tentaculaire qui prend forme au fil des récits. Un réseau "que l'on pourrait contempler pendant des heures sans se lasser" affirme les spéléologues.
Perspective
Et c'est cela en ce mois de septembre 1954 qui fait rêver. Non pas le record du monde, mais la perspective que cette cinquième expédition en appelle d'autres et que le futur amènera sans doute d'autres découvertes, d'autres exploits.
Télégrammes
Le 11 août 1956, on battra ainsi un nouveau record du monde : -1100 mètres. À -1000 mètres, on a marqué le coup en envoyant des télégrammes.
Président
Le premier au président Coty, qui séjourne alors à Vizille: "Equipes Club Alpin Français et Internationales vous prient de recevoir depuis la cote -1000 leurs plus respectueuses salutations".
Félicitations
Réponse présidentielle : "En vous remerciant cordialement des sentiments profonds que vous avez bien voulu lui exprimer, votre voisin de Vizille adresse ses vives félicitations à tous ceux qui ont méthodiquement préparé et vaillamment réalisé cette belle victoire de la spéléologie, signé René Coty".
Sassenage
Pendant ce temps, les habitants de Sassenage accoururent eux le long du Furon, le torrent étant devenu d'un coup vert, la preuve d'un nouveau cours d'eau repéré à la cote -1000.
Le gouffre Berger est l'un des gouffres les plus connus au monde.
Équipe
Le 6 juillet 1996 (samedi). Une équipe mixte d’Anglais et de Hongrois descend au gouffre Berger. Ils sont formés de deux équipes de trois, à la descente, ils croisent des Britanniques qui ont dû attendre 12 heures de décrue pour remonter.
Bivouaquent
Les deux équipes bivouaquent à -500 mètres le samedi soir et descendent le dimanche. La première équipe de Hongrois (Istvan Torda 23 ans, Nemeth Zsolt 27 ans et Miklos Nierges 28 ans) vont au siphon terminal.
Puits
La deuxième équipe (Nicole Dollimore 30 ans, William Stead 36 ans et Karoly Tompa 24 ans) s’arrête au puits de l’Ouragan.
Descente
Nicole Dollimore reste pendant la descente de ses deux compagnons. Arrivé dans le grand Canyon, l’eau a monté.
Subit
Nicole subit dans le petit ressaut une brusque montée de l’eau, elle n’arrive pas à se dégager et reste pendue sur sa longe dans la cascade.
Tentatives
Malgré les nombreuses tentatives du Hongrois pour la secourir. Le groupe reste bloqué trois jours au-dessous de Nicole.
Coincé
L’autre au sommet de la cascade. La première équipe a été surprise par la crue. Les deux premiers arrivent à la remonter, mais le troisième Istvan meurt coincé dans la crue.
Embruns
Ils restent dans les embruns 48 heures, le niveau ayant baissé, ils décident de redescendre. Ils lancent une nouvelle corde, contournent leur camarade, puis descendent où les sauveteurs les retrouveront, le mercredi soir, ils sont remontés le vendredi et le dimanche. Le sauvetage s’est terminé, une semaine après le début de l’alerte.
Crue
La crue qui s’est abattue sur le Vercors nord-est la plus forte de l’année 1996. À la Goule Noire, le débit a dépassé 30 m3/s. Aux Cuves de Sasssenage, la grille d’entrée a été emportée par les eaux !
Secour
2019 opération de secour, le spéléologue âgé de 21 ans était parti pour le gouffre mardi 23 juillet 1996, vers 10 heures du matin, avec deux autres personnes, selon la préfecture, "il aurait ensuite divergé du groupe à 500 mètres de profondeur, reprenant le chemin de la sortie".
Trio
En effet, le trio s'est séparé, sans que l'on sache pourquoi. Il avait été vu pour la dernière fois vers 16 h 30 mardi, à environ 650 mètres de profondeur, par un autre groupe de spéléologues.
Signe
L'homme, qui n'avait plus donné signe de vie depuis mardi après-midi, souffrait d'une entorse à une cheville.
Héliporté
Il avait été héliporté par la sécurité civile. Le gouffre présente 37 kilomètres de galerie, une voie principale puis plusieurs chemins transversaux accessibles.
Gouffre
Son exploration est possible chaque année du 1er juin au 31 octobre, elle nécessite une inscription en mairie entre le 1er novembre et 31 décembre de l’année précédant l’expédition.
Histoire
L'histoire a été ponctuée d'accidents, de fâcheries avec la municipalité, mais le gouffre fascine toujours autant les spéléologues. Au fil des expéditions, jusqu'à -1271 mètres, ils lui ont découvert une dizaine d'entrées.
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